Témoignage de jardinier : les tas de bois

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Chauve-souris s’abritant ©H. Tauzin

Témoignage d’Hélène Tauzin

« J’ai commencé tout bêtement avec des tas de bois, des fagots. Je les ai apposés les uns sur les autres et puis il s’est avéré que non seulement il y a des insectes dans ces tas de bois mais il y a aussi des orvets.

Du coup, on a toute une biodiversité animale qui vient dans le jardin. J’ai vu des martins pêcheurs, des canards qui se sont posés dans le jardin. Tous ces oiseaux viennent dans le jardin car ils sont libres de faire ce qu’ils veulent et ils trouvent à manger »

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Taille et élagage : quelques précautions

Taille d’un rejet de Poirier au jardin ; Taille sur poirier d’une brindille à bois démarant d’un bourgeon à fleurs et positionnée sur une bourse / Biosphoto

Dès que les dernières feuilles tombent de nos arbres, nous sommes tentés de sortir sécateurs, cisailles, scies ou tronçonneuses pour un éclaircissement annuel. Cette impulsion peut nous reprendre au moindre signe de faiblesse d’une branche égarée. Nous nous tournons alors vers l’élagage, qui ne concerne que les branches jugées inutiles, dangereuses ou mortes, ou vers la taille qui permet, elle, de donner une forme voulue à un arbre pour des raisons esthétiques, d’entretien ou de fructification.

Attention cependant avant de se lancer dans des actions drastiques qui ne sont pas forcément nécessaires à la santé de l’arbre …

Le cas des chicots et des branches mortes

La vie d’un arbre est, elle aussi, loin d’être un long fleuve tranquille !

Quelques accidents de parcours (tempêtes, orages, chutes ou travaux à proximité) peuvent provoquer la casse de branches. Cette casse aléatoire laisse souvent un chicot sur l’arbre, c’est-à-dire, un morceau de la branche brisée qui n’est plus alimentée par la sève. Cette blessure est une porte d’entrée idéale pour les bactéries responsables de certaines maladies de l’arbre comme le chancre bactérien. Il est donc nécessaire de les couper pour accélérer la cicatrisation des plaies. Cependant, nul besoin de couper un chicot installé depuis longtemps sur votre arbre, il aura déjà cicatrisé seul au bout de deux ans !

Dans le cas de branches mortes, les tailler permet d’alléger l’arbre et d’éviter ici aussi l’entrée dans l’organisme de l’arbre de diverses bactéries et insectes.

Comment identifier une branche morte ? A son aspect tout d’abord. En effet, la branche morte restera sans bourgeons et nouvelles feuilles.

Il est ensuite possible d’effectuer le test dit de l’éraflure. Ce test consiste à réaliser une légère entaille dans l’écorce pour accéder à la sous-couche de l’écorce. Si cette sous-couche, le cabium, est de couleur verte, la branche est encore vivante. Au contraire si le cabium est sec et brun, la branche et morte.

Il peut cependant être intéressant de conserver certaines branches mortes, dans le cas où leur chute n’occasionnerait pas de dommages matériels et humains. Elle peut en effet vous permettre de créer ou de vous insérer dans une trame de vieux bois favorable à la biodiversité. Les branches mortes de vieux et gros sujets constituent des micro habitats de choix, par exemple pour les coléoptères.

Rouge gorge posé sur uen branche morte au jardin en hiver / Biosphoto

Arbres malades, comment les identifier et comment les aider

La taille, ou l’abattage complet des arbres malades semble souvent être la solution qui sauve. Il est pourtant possible d’endiguer et de traiter les maladies avant d’avoir recours à la taille.

L’important est encore ici de bien identifier un arbre malade.

Attention par exemple à bien le différencier d’un arbre vieillissant ou en état de stress et dont le houppier changera de forme et descendra en laissant les branches de la cime s’assécher.

Pour débusquer la maladie, il faut repérer les points de faiblesse de l’arbre. Il est important d’observer l’état de l’écorce qui subit différentes altérations en fonction des maladies : la maladie de l’orme ou le chancre fongique vont la déformer et créer des boursouflures dont la sève s’écoulera dans le cas des conifères. Les maladies peuvent aussi influer sur l’apparence du feuillage. Ainsi, les aiguilles d’un pin rougiront s’il est atteint de la maladie des bandes rouges.

La présence de champignons peut aussi être l’indicateur d’un arbre malade. Par exemple des bouquets de champignons bruns pousseront à l’automne au pied des arbres touchés par l’armillaire ou le pourridié. Des champignons violacés rappelant des coraux marins accrochés sur les troncs seront le symptôme de la maladie du plomb des arbres fruitiers.

L’armillaire (ou pourridié) et le plomb du prunier sont diagnostiqués par la présence de champignons au pied de l’arbre ou sur son tronc.

Toutefois, la présence de champignons ne condamne pas forcément votre arbre. Ainsi, les champignons polypores qui forment des tablettes sur les troncs ne vont impacter que le duramen, partie centrale de l’arbre composée de bois mort. L’arbre pourra ainsi continuer à se développer, ses parties vivantes n’ayant pas été touchées. Il faudra toutefois veiller à ce que l’équilibre structurel de l’arbre ne soit pas mis en danger de façon à éviter tout effondrement.

En fonction de la maladie, il ne sera pas obligatoire d’abattre complètement l’arbre atteint. Dans le cas des infections fongiques, couper les branches colonisées, en s’assurant de ne pas laisser de chicots, suffira. Dans le cas de certains chancres, il vous faudra couper les branches 20 cm en dessous des premiers chancres puis les brûler pour éviter les contaminations.

Les polypores qui forment des tablettes sur l’arbre qui les accueille ne lui sont pas forcément fatals ! Et peuvent même être le support de visiteurs.

Quelques exemples

Gommose sur un tronc de pêcher en juin / Biosphoto
Galle sur feuille de noisetier / Biosphoto
Cloque du pêcher / Biosphoto
Nyctale boréale sur un polypore sur un tronc, Ardennes / Biosphoto

Les arbres dépérissants et morts

Il peut être tentant d’abattre un arbre vieillissant ou faible, en particulier pour des questions de sécurité.

La prudence reste cependant de mise. En effet, un arbre dépérissant peut faire preuve d’une importante résilience. Une observation en détail de ses branches vous permettra de faire un diagnostic de son état. Par exemple, pour vos chênes et hêtres aux nombreuses branches mortes et au houppier bas, la présence de nombreux gourmands (un rameau qui se développe à partir d’un bourgeon resté indéveloppé) est un signe de bon augure pour la reprise de la croissance du houppier.

Si vos doutes persistent, vous pouvez appliquer à votre tronc le test de l’éraflure que nous vous proposions pour les branches mortes.

Si votre arbre est mort, il vous faudra bien considérer les risques de chutes. Si ces risques sont importants et que l’arbre risque de blesser ou détruire, il sera plus prudent de couper les branches et de ne garder que la souche ou la chandelle. Elles se transformeront en relais importants pour la biodiversité en tant que terrain de chasse des chauve-souris ou des pics. Les souches, chandelles ou têtards d’arbres morts pourront s’inscrire à leur tour dans une trame de vieux bois. Ils pourront en effet accueillir lierre, épiphytes, champignons, nids d’oiseaux et abris de rapaces. Ils pourront aussi devenir un élément esthétique de votre jardin en devenant le support de plantes grimpantes caractéristiques des sous-bois comme les clématites ou le chèvrefeuille des bois, mais aussi des plantes portant de belles floraisons comme les rosiers sauvages.

Geai des chênes (Garrulus glandarius) dans un arbre creux, Angleterre / Biosphoto

Sources

Christophe Drénou. « Diagnostic sanitaire des arbres : la méthode ARCHI » in. Forêts Privées, n°331, mai-juin 2013. pp. 64-69.

Jean Michel Mourey ; Julien Touroult. Fiche technique – Biodiversité : Les arbres à conserver pour la biodiversité. Comment les identifier et les désigner ?. ONF, dossier Biodiversité n°3, 2010.

Denis Sergent. « Les autres maladies de l’arbre ». Mise à jour le 24/07/2011. In. La Croix. https://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/Les-autres-maladies-des-arbres-_NG_-2011-07-24-692379. [consulté le 07/01/2021]

Les musaraignes

Portrait d’une Musaraigne carrelet dans la mousse France / Biosphoto

Souvent prises pour des souris ou des mulots, les musaraignes sont pourtant des petits mammifères bien à part. Le mot musaraigne est un terme vernaculaire qui sert à qualifier 370 espèces de mammifères insectivores faisant partie de la famille des Soricidae. En France, on décompte 10 espèces communément appelées musaraignes parmi lesquelles : la musaraigne carrelet ou commune (Sorex areneus), la musaraigne des champs (Crocidura leucodon), la musaraigne des jardins (Crocidura suaveolens) et la musaraigne musette (Crocidura russula).

Reconnaissables par leur museau allongé, les musaraignes sont de petits mammifères à moustaches et au pelage soyeux gris brunâtre tirant sur le roux. Les musaraignes possèdent une queue sans poils et des petits yeux et oreilles. Leurs caractéristiques varient en fonction de l’espèce, certaines très petites ne pèsent que 6 g alors que d’autres mesurent près de dix centimètres de longueur (hors queue) mais n’excèdent pas 14 g.

On retrouve les musaraignes un peu partout dans les prairies, parcs et jardins ou haies que ce soit en plaine ou en montagne.

Régime alimentaire

Contrairement aux idées reçues, les musaraignes ne sont pas des rongeurs, mais des mammifères insectivores. Véritables gloutonnes toujours en quête de nourritures, les musaraignes se nourrissent d’insectes en tous genres (larves limaces, chenilles, vers …). Leur métabolisme étant très rapide, elles doivent trouver constamment de la nourriture pour obtenir les calories nécessaires à leur survie et certaines espèces peuvent dévorer plus du double de leur propre poids en insectes par jour. Elles affectionnent particulièrement la proximité d’un tas de compost qui leur fournit le gîte et le couvert.

Les musaraignes ont souvent été considérées comme des nuisibles alors qu’au contraire, elles sont de parfaits auxiliaires qui débarrassent le jardin de nombreux ravageurs (vers gris, chenilles, limaces …).

Musaraigne musette mangeant un lombric / Biosphoto

Idée reçue : les musaraignes ne sont pas venimeuses !

Les musaraignes ont mauvaise réputation : elles auraient en effet une salive très toxique qui rendrait leur morsure aussi venimeuse que celle de l’araignée. En réalité, seules 3 espèces rares possèdent une salive toxique, mais dangereuse ni pour les humains ni pour les grands animaux. Toutefois, son nom vient de là puisqu’en latin musaraneus signifie « souris-araignée ».

REproduction

Les musaraignes sont des animaux plutôt solitaires, se rapprochant d’un partenaire pour se reproduire entre le mois de mars et l’automne. Une femelle peut avoir 2 à 5 portées par an et entre 2 à 8 petits par portée. Le taux de mortalité est toutefois assez élevé dans les premiers mois de vie et une musaraigne vit en moyenne 2 ans et demi.

Favoriser les musaraignes dans le jardin

Les musaraignes rendent de nombreux services dans le jardin et vous pouvez les favoriser dans le jardin en :

  • Installant un petit abri ou un tas de pierres sèches près d’un compost
  • Laissant des tas de feuilles mortes
  • Laissant des zones en friches et des bandes de pelouses non tondues
  • En n’utilisant pas de produits phytosanitaires

Sources

Accueillir les hérissons dans vos jardins

Hérisson sous un tas de bois | Biosphoto

L’hiver arrive, les hérissons aussi !

Le hérisson d’Europe est protégé en France par la loi depuis 1981. Malgré son classement en France au statut « Espèce à préoccupation mineure » sur la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le hérisson est particulièrement fragile face à ces menaces  (pesticides, trafic routier, fragmentation des milieux).  Venant hiberner dans les jardins, l’association Faune Essonne nous partage quelques bonnes pratiques pour pouvoir bien l’accueillir : 

Laissez-le circuler librement

N’hésitez pas à créer une ouverture dans vos grillages et vos murets (environ 120 mm) afin de permettre aux hérissons de pouvoir venir dans vos jardins (et pourquoi pas s’y installer) mais également : de repartir !  Préférez un passage côté mur mitoyen entre les voisins plutôt que le mur donnant sur la rue afin d’écarter tout danger dès la sortie du hérisson.

Passage dans une clôture | ©Faune Essonne

Créez-lui des habitats favorables

Les herbes hautes, les tas de bois ou encore tas de feuilles sont un ravissement pour les hérissons qui les utilisent pour créer leur nid douillet hivernal.

La haie est un endroit particulièrement appréciable pour les hérissons. Nichés au pied de celle-ci, ils dorment pendant la journée. Avant de tailler votre haie ou de passer la tondeuse, vérifiez les taillis au pied des haies.

Les zones de compost ou de fumier sont également des lieux bien chauds où peuvent nicher des hérissons. Alors avant de retourner votre compost, assurez-vous qu’il n’est pas habité !

Ne réveillez surtout pas les hérissons une fois en hibernation !

Limitez les pièges et les dangers

Attention aux regards et fosses et puisards qui peuvent être des pièges à toit ouvert !

N’hésitez pas à recouvrir d’une planche ou d’une tôle les trous dans lesquels le hérisson peut se retrouver coincé et ne plus ressortir. 

Les zones d’eau peuvent également représenter un danger pour ce petit mammifère. Afin d’éviter toute baignade dramatique, vous pouvez par exemple aménager dans vos mares et bassin des bordures empierrées qui pourront servir d’appui aux hérissons pour sortir plus facilement de l’eau. Vous pouvez également plonger une planche qui possède des petites marches et la placer sur le rebord. Pour vos piscines, il existe des trépieds ou des rampes qui se fixent sur le rebord de la piscine et qui faciliteront la sortie de l’animal sans s’épuiser.

Petit pont | ©Faune Essonne

Et si vous trouvez un hérisson blessé ?

Contactez le centre de soins de la faune sauvage le plus proche de chez vous !

Jardins de Noé s’associe d’ailleurs avec l’association Faune Essonne qui vient d’ouvrir son centre de soin à Vert-le-Grand afin de porter ensemble des actions de sensibilisation à la préservation de la biodiversité

Faune Essonne est une association de protection de la nature, créée fin 2021 à Vert-le-Grand, par un collectif désireux de préserver la biodiversité et la faune sauvage de l’Essonne. L’association a trois objectifs prioritaires :

  1. Permettre une meilleure cohabitation entre l’Homme et la faune sauvage par la sensibilisation du grand public à la conservation de la biodiversité ;
  2. Soigner la faune sauvage blessée ou en détresse : Le centre de soins de Vert-le-Grand est dédié à la prise en charge et au soin des hérissons et des oiseaux (passereaux, turdidés, corvidés et colombidés). Il prend en charge les animaux en détresse dans la limite de 20 hérissons et 26 oiseaux. Une antenne a également été créée à Dourdan, qui peut accueillir 8 hérissons supplémentaires.
  3. Faire connaître les centres de soins et de réhabilitation de la faune sauvage comme des acteurs de la protection de la faune sauvage.

N’hésitez pas à venir jeter un coup d’oeil sur le site internet de l’association : https://www.faune-essonne.fr/

Un article co-écrit avec l’association Faune Essonne.

Accueillir la biodiversité sur votre balcon : en recyclant

Lombricomposteur | Biosphoto © Leonie Lambert : GWI – Garden World Images

Bien que les ressources soient plus limitées pour un balcon qu’un jardin, du fait de son degré d’urbanisation, il existe quelques solutions pour réduire nos apports et aller vers un balcon auto-suffisant.

Vos « déchets » de jardinage ou même vos bio-déchets de cuisine peuvent devenir un engrais pour vos plantes en pot grâce au compostage, et plus particulièrement au lombricomposteur.

Contrairement au composteur qui correspond davantage à une utilisation extérieure, le lombricomposteur (avec des vers) peut s’installer à l’extérieur comme à l’intérieur d’une maison. Il n’y a pas de montée en température, ce processus est inodore et plus rapide que le composteur « classique ». Le lombricomposteur s’utilise avec des vers de compost (vers rouges ou vers à fumier) comme le vers tigré (Eisenia foetida) ou le vers de Californie (Eisenia andrei).

Une fois la décomposition de vos déchets terminée, vous pouvez récupérer une matière brune nommée « Lombricompost » et un liquide appelé le « Lombrithé », engrais très intéressants pour vos plantes en pot. Pensez à diluer le lombrithé, très concentré, dans 10 fois son volume d’eau.

Lombrithé ©VerslaTerre

Attention toutefois, les déchets qui alimentent le lombricomposteur sont quelque peu différents de ceux du composteur : les matières organiques sont les mêmes, en revanche pour ce qui concerne les matières carboniques, seuls des morceaux de cartons, de papiers et de journaux peuvent être ajoutés (en alternance avec les matières organiques). Pour en savoir un peu plus sur le lombricompostage : http://www.jardinsdenoe.org/lombricompostage-mode-demploi/

Il est également possible de limiter la consommation en eau sur son balcon et ainsi éviter de choisir entre une facture d’eau un peu trop salée et la déshydratation de nos plantes adorées. Vous pouvez par exemple, et comme au jardin, récupérer l’eau pluviale sur votre balcon en fixant un support récupérateur sur les bords de votre balcon (soucoupe, pots…) et en reliant à un bidon. Il est également possible de limiter les besoins en arrosage de vos plantes en paillant vos jardinières à l’aide de vos déchets ménagers (du papier journal par exemple). Pour en apprendre plus sur le paillage, c’est par ici.

Récupérateur d’eau pluviale fabriqué pour balcon ©Lepotagerminimaliste.fr

Tout est bon pour le balcon ! Vos anciens cadres de meubles peuvent devenir un support parfait pour vos plantes grimpantes. Vos briques de lait deviennent des nichoirs originaux pour les oiseaux. Et les boîtes de conserve ? Des gîtes à insectes à créer avec les enfants !

Bref, vous l’aurez compris, tous matériels et anciens objets peuvent devenir un lieu d’accueil pour la biodiversité sur votre balcon. Alors n’hésitez pas à vous lancer, expérimenter, observer et surtout, profiter !

Accueillir la biodiversité sur votre balcon : en le végétalisant

Balcon fleuri | Biosphoto

Tout comme les jardins, les balcons peuvent, à leur manière, encourager la présence de la biodiversité en ville. En effet, grâce à leur nombre et, dans certains cas, de leur isolement loin des raffuts de la ville, les balcons et corps de fenêtres peuvent participer à la création d’une trame d’accueil (temporaire) à travers la ville. Alors, bien que les actions soient certes plus limitées que dans le jardin, quelques gestes sont toutefois les bienvenus !

Végétaliser son balcon, y planter fleurs, arbustes et pourquoi pas plantes potagères, peut donner un bon coup de pouce à cette biodiversité urbaine.

En choisissant des plantes nectarifères et pollinifères, vous apporterez, grâce à votre balcon, une source d’alimentation pour les pollinisateurs errants. Il est également intéressant d’opter pour des plantes à baies qui feront le bonheur des insectes comme des oiseaux (et le nôtre également, tout le monde est gagnant !). Aménager des coins de verdure sur vos balcons et bords de fenêtre permet également de créer des zones de refuges provisoires pour la faune (qui utilisera une fleur, une feuille ou tout simplement un peu de terre en guise de lit douillet), comme pour la flore, qui trouvera (enfin) un espace non bétonné, sablé ou piétiné et dans lequel sa graine pourra venir s’implanter pour continuer son long voyage à travers la ville.

Et vous dans tout ça ? Vous rendrez votre balcon plus accueillant et plus apaisant !

Coin repos sur un balcon fleuri en été | Biosphoto

Les (vert)us de la nature et de la végétation sur notre santé physique comme mentale ne sont plus à prouver. Une étude a même démontré qu’en jardinant, nous allons en contact d’une bactérie se trouvant dans la terre et qui activerait les hormones du bonheur. Amis jardiniers, allons narguer la morosité ! Végétaliser son balcon est aussi une bonne opportunité d’y apporter de l’ombrage et de la fraîcheur.

Toutefois, pour que cette belle collaboration à travers votre balcon fonctionne, il est important de bien sélectionner les espèces à planter. Par exemple, êtes-vous à l’ombre ou en plein soleil ? Les conditions environnementales sont également plus extrêmes en ville et sur les balcons avec une forte exposition au vent et à la chaleur ainsi qu’une ressource en eau très limitée. Sélectionnez donc de préférence des essences résistantes à la sécheresse.

N’hésitez pas non plus à observer les milieux naturels proches de votre ville afin de sélectionner des espèces locales à planter dans vos jardinières et ainsi inscrire au mieux votre balcon dans les écosystèmes qui vous entourent.  Il est également intéressant de penser la composition végétale de son balcon pour toutes les saisons et de sélectionner ainsi des plantes qui s’exprimeront à différents temps pour offrir ressources et refuges à la biodiversité tout au long de l’année !

Pour aller plus loin

  • Clergeau, P., & Machon, N. (2022). Où se cache la biodiversité en ville ? : 90 clés pour comprendre la nature en ville. Quae.
  • Notre article sur l’intérêt de la végétalisation des ville 
  • Matthews, D. M., & Jenks, S. M. (2013). Ingestion of Mycobacterium vaccae decreases anxiety-related behavior and improves learning in mice.Behavioural processes, 96, 27-35.

Accueillir la biodiversité sur votre balcon : en aménageant des abris

Passereaux et buffet de graines / Biosphoto

L’une des (nombreuses) raisons de l’absence de biodiversité en ville est la rareté d’habitats viables, abrités des stress que provoquent les pollutions sonores, visuels, mécaniques et atmosphériques. Et si, nous, propriétaires de balcons, acceptions la collocation et partagions le gîte en plus du couvert ?

Il est par exemple possible d’aménager soi-même des abris, permettant d’offrir des refuges à ces derniers qui peinent à trouver des cavités naturelles, leur permettant de se protéger de certains prédateurs, de faire leur nid ou encore de créer leur réserve alimentaire.

La ville recèle également de belles surprises parmi nos amis les oiseaux. Saviez-vous par exemple que Paris accueille depuis quelques années, des faucons pèlerins et des faucons crécerelles ? Toutefois, la diversité et l’abondance des oiseaux communs en ville ont grandement chuté ces dernières années avec une baisse de 22% au cours de la période 1989-2017 (STOC, CESCO, & MNHN, 2017). Afin de lutter contre la disparition complète de leurs habitats (liée à l’augmentation de l’artificialisation des espaces ou encore à l’augmentation de façades lisses sur les bâtiments récents qui ne leur permettent plus de nicher), nous vous proposons d’installer des nichoirs sur vos balcons.

L’endroit choisi pour la pose d’un nichoir devra être calme, plutôt éloigné d’un chemin fréquenté et installé à l’abri des prédateurs (tels que les chats). Il est surtout important d’installer le nichoir dans un endroit le plus abrité possible des intempéries, avec une alternance entre ombre et soleil tout au long de la journée.

Exemple de nichoirs pour passereaux

Ne soyez toutefois pas déçu de voir votre nichoir inoccupé. Voyez votre aménagement comme une proposition faite à la faune qui choisira ou non de l’occuper (eux aussi ont parfois des critères bien précis pour leur logement de rêve). Il n’est d’ailleurs pas étonnant de devoir attendre 1 à 2 ans avant de voir un couple s’installer.

Plus étonnant encore, accueillez des chauves-souris sur votre balcon ! Elles aussi connaissent de fortes difficultés en ville, menacées par le manque de cavités nécessaires à leur nidification et les pollutions lumineuses altérant leurs sessions de chasse. Pour rendre votre balcon favorable à leur présence, N’obstruez pas les cavités de vos murs et évitez tout éclairage inutile de votre balcon la nuit. Vous pouvez également installer des gîtes à chauves-souris à accrocher contre un mur ou un grand arbuste, hors de portée de vos animaux domestiques.

Gîte à chauve-souris | Biosphoto

Il est également possible d’installer des plateaux (suspendus ou simplement posés), des mangeoires à grille (en passant leur bec à travers les grilles les oiseaux se servent en graines). Nourrissez les oiseaux une fois que les températures basses se sont installées de novembre à février. De même, ne supprimez pas brusquement la mangeoire ; les oiseaux, habitués, auront du mal à trouver de la nourriture immédiatement. Préférez diminuer progressivement la quantité de nourriture à l’arrivée des beaux jours ce qui leur permettra de mieux s’adapter. Bien sûr, et comme pour les nichoirs, prenez garde de les préserver de nos amis les chats !

Mésange et mangeoire dans un arbre au jardin | Biosphoto

Pour aller plus loin :

Des articles complets sur le sujet :

http://www.jardinsdenoe.org/nourrir-les-oiseaux-en-hiver-comment-faire/

http://www.jardinsdenoe.org/adapter-ses-mangeoires-aux-oiseaux-de-son-jardin/

Lien vers le site LPO sur le programme d’observation des oiseaux STOC : https://www.lpo.fr/la-lpo-en-actions/connaissance-des-especes-sauvages/suivis-ornithologiques/oiseaux-communs/stoc

Le bois mort au jardin

Tronc mort de conifère couché sous forêt primaire Vosges  © Christophe Sidamon-Pesson / Biosphoto

Ne vous débarrassez pas de votre bois mort

Les branches et troncs morts sont de véritables refuges pour la biodiversité. Ils offrent un habitat de qualité à une grande variété d’espèces animales et végétales, notamment à de nombreux coléoptères saproxyliques (dont le cycle de vie est lié au bois mort) et aux champignons

Le bois mort est indispensable à la bonne santé et fertilité des sols. Il se décompose en humus, une matière organique qui permet de mieux retenir l’eau et les éléments nutritifs. Aussi, les branches et bouts de bois morts forment une litière qui protège les sols des ruissellements et de l’érosion.
De plus, ce bois peut être réutilisé de façon efficace et écologique à l’avantage de votre jardin ou de vos parcelles de forêt privées. Alors pourquoi le jeter ?

Comment le réutiliser ?

Voici quelques exemples de réutilisation de votre bois : Les branchages peuvent être utilisés en paillis organique pour protéger vos sols, pour conserver son humidité, réduire l’évaporation et diminuer la croissance d’herbes indésirables. Cela permet aussi de protéger la biodiversité des sols comme des jardins en général (plusieurs espèces de champignons, de coléoptères ou encore de larves d’insectes se nourrissent de bois mort).

Paillis organique © Pxhere

Votre bois peut aussi servir à créer des haies sèches pour protéger votre potager ou vos prairies fleuries tout en respectant toutes les espèces qui y logent. La haie permet de protéger vos cultures contre les intempéries telles que le vent ou la pluie. Le bois mort étant un atout pour le renouvellement et la fertilité des sols, les haies sèches qui en sont constituées comportent les mêmes bénéfices. Ces haies doivent impérativement être construites avec du bois imputrescible (type châtaigner, acacia ou encore chêne).

Pour fabriquer votre haie sèche ; plantez 2 rangées de piquets à intervalles réguliers, espacées d’environ 1 m, puis, entassez le branchage mort dans le sens de la longueur entre les poteaux (comme une sorte de tissage).

Haie sèche ou haie de Benjes dans un jardin, printemps, Manche, Normandie, France © Pxhere

Si votre potager est en proie aux nuisibles, le bois mort peut vous être utile ! Plantez quelques branches mortes verticales qui serviront de perchoir aux oiseaux insectivores, fini les dégâts ! 

Pucerons et fourmi © Pxhere

Votre bois mort peut aussi servir de base pour une planche de culture, pour créer cet espace délimité de plantation, entassez du bois mort en formant un quadrillage, recouvrez le d’une litière de feuilles mortes puis d’une couche de paille (on peut aussi y ajouter un peu de compost). Il ne reste plus qu’à planter !

Pour aller plus loin

Le paillage

 Le BRF

 Le compost

Sources

Gerbeaud – Le bois mort au jardin, https://www.gerbeaud.com/jardin/jardinage_naturel/bois-mort-au-jardin,1322.html

My tree – La haie sèche, une technique ancestrale, https://www.my-tree.com/fr/La-haie-seche-une-technique-ancestrale.html

La Pipistrelle

Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) à l’entrée de son abri dans un tronc d’arbre, Belgique / Biosphoto

La pipistrelle, Pipistrellus pipistrellus, est la plus petite chauve-souris d’Europe. Cette espèce, anthropophile, vit dans les villages et villes, parcs, jardins et forêt. Les colonies peuvent occuper toutes sortes de gîtes, qu’ils soient arboricoles (trous de pic, fentes, fissures ou autres arbres creux) ou anthropiques (nichoirs, habitations).

Contrairement au rongeur dont elle partage le nom, les chauves-souris ne causent pas de dommages sur les câbles ou l’isolation des bâtiments. Elles ne font pas de nids et ainsi ne déplacent ni n’accumulent de matériel divers. Les chauves-souris n’ont en général qu’un petit par an, pas de risque de les voir proliférer comme des lapins !

La pipistrelle est une très bonne chasseuse qui peut nous être bien utile !

Un individu peut chasser à lui seul jusqu’à 600 insectes par heure et prend le relais des oiseaux à la nuit tombée. Ces chauves-souris assurent ainsi une protection 24h/24h contre les insectes nuisibles. En plus de décimer des colonies de moustiques, elles s’attaquent aussi à certains papillons de nuit, par exemple la noctuelle, très friande de jeunes plantations, qui endommagent les vergers, potagers et vignes.

Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) poursuivant en vol une Phrygane / Biosphoto

Un des très rares désagréments liés à la présence des chauves-souris est le guano, formé par l’amas de leurs excréments. Mais ici encore la chauve-souris se fait votre alliée puisque le guano fait un excellent engrais. Vous pourrez l’utiliser seul au printemps ou en addition d’un engrais vert ou organique (compost, fumier) à l’automne pour éviter que l’azote qu’il contient ne soit lessivé pendant l’hiver.

Pour accueillir les pipistrelles, vous pouvez installer des gîtes, achetés dans le commerce ou confectionnés par vos soins. Utilisez un bois non traité pour créer un nichoir ouvert par le bas, avec les planches intérieures striées pour ménager des appuis et une ouverture de quelques centimètres qui suffiront aux minuscules pipistrelles. Pour vous faciliter la tâche de récupération du guano, installez une bâche à l’aplomb de ces nichoirs !

Les vergers de plein vent

Pommiers dans les Pyrénées – France / Biosphoto

Les vergers de plein vent, aussi appelés pré-vergers ou éco-vergers, font partie des pratiques agricoles traditionnelles et sont un vrai patrimoine paysager

Proches de l’agroforesterie, ces vergers sont organisés en alignements assez réguliers de faible densité (100 arbres/ha) au regard des vergers modernes. Les fruitiers de haute tige y sont associés à de la prairie. Sont ainsi produits fruits, produits laitiers et bois. 

Une réserve pour la biodiversité 

Ces vergers constituent donc de riches écosystèmes favorables à la faune et à la flore. La mi-ombre procurée par les arbres adultes permet le développement des rosiers des champs, de l’aubépine ou de l’arum qui cohabitent avec champignons et mousses. 

Les vergers de plein vent attirent aussi bien les insectes vivant au sol que ceux trouvant un abris dans l’écorce ou les feuilles des fruitiers. Ils offrent une nourriture importante aux oiseaux et petits animaux qui profitent aussi des résidus de récoltes. Les renards sont particulièrement friands des petits fruits tombés au sol. 

L’alliance des milieux arboré et prairial attirent aussi jusqu’à 40 espèces d’oiseaux, en particulier les espèces cavernicoles qui trouvent des abris dans les cavités des vieux arbres. 

Cerisiers en fleurs à Venasque / Biosphoto

Un abris pour les insectes auxiliaires 

Parmi tout cet aréopage abrité par les vergers de plein vent se trouvent de très nombreux insectes auxiliaires pollinisateurs comme les abeilles, les bourdons, les andrènes, ou les osmies.

Par ailleurs, l’absence de traitements chimiques nécessaires pour entretenir ces espaces favorise la venue d’auxiliaires prédateurs comme les acariens prédateurs de syrphes et de larves de pucerons. 

Les oiseaux nichant dans les prés-vergers, associés aux chauve-souris, contribuent aussi à maintenir éloignée la menace des ravageurs et ainsi des produits phytosanitaires !

Quelques recommandations techniques  

Cerisiers en fleur et troupeau de moutons, Alsace / Biosphoto

Pour aménager un verger de plein vent propice à la biodiversité, il vous faudra planter au minimum 50 arbres par hectares ou l’associer à d’autres milieux riches comme une mare ou une haie champêtre. Une large palette d’arbres d’âges différents assurera un équilibre et une production fruitière à moyen et long terme. Profitez-en pour réaménager un verger en perte de vitesse en replantant des nouveaux arbres et en laissant se former une prairie à leurs pieds. 

En terme d’essences, privilégiez bien sur les essences locales et rustiques qui seront bien adaptées au sous-sol et aux conditions micro-climatiques locales. 

Des tailles douces seront nécessaires pour assurer la production du verger mais devront être adaptées en fonction de l’âge des sujets. Si vous vous lancez dans l’éco-pâturage sur votre verger, veillez à conserver une bande de fauche non pâturée à l’automne en bordure du verger pour maintenir l’équilibre des insectes présents dans le milieu. 

Sources

https://hautsdefrance.chambres-agriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Hauts-de-France/presvergers.pdf

A visiter : L’arboretum de Neuvic d’Usuel où l’ancien verger de plein vent est en train d’être reconstitué.